Clint Eastwood est assurément l’une des figures majeures du cinéma américain contemporain. Mais une figure qui vient de loin.

Le cheminement de l’acteur et du cinéaste vers les sommets a pris la forme d’un périple atypique, longtemps critiqué avant que l’ampleur du geste artistique ne soit quasi unanimement reconnue. Sa spectaculaire apparition en chasseur de primes, au milieu des années 1960, dans les trois premiers westerns-spaghettis de Sergio Leone, et l’immense succès public de cette nouvelle forme et figure, imposent de force à Hollywood le nom d’Eastwood. Au début des années 1970, sa réapparition en flic ultraviolent dans L’Inspecteur Harry de Don Siegel suscite une controverse encore plus vive, qui n’a d’égale que le carton du film au box-office. Les années 1970 sont celles aussi de ses débuts comme cinéaste. Depuis et jusqu’à aujourd’hui, à un rythme régulier qui rappelle la trajectoire de grands noms du cinéma américain du temps du studio system, il a signé quelque quarante films dans nombre de genres, parmi lesquels : des westerns (Josey Wales hors-la-loi, 1976 ; Impitoyable, 1992), des mélodrames (Sur la route de Madison, 1995), des « biopics » (Bird, 1988). Au générique final d’Impitoyable, Eastwood dédie son film « à Sergio (Leone) et Don (Siegel) », la plus belle des manières pour rappeler d’où et de qui il vient.

Bernard Benoliel

Bernard Benoliel est directeur de l’Action culturelle et éducative à la Cinémathèque française. Il a été délégué général du Festival EntreVues de Belfort et rédacteur aux Cahiers du cinéma. il a publié notamment Clint Eastwood aux éditions Cahiers du cinéma.